[ Pobierz całość w formacie PDF ]
rénovation complète, hors de toute action de caractère simplement
politique.
Moment :
Moment :
Moment : concept philosophique qui désigne une réalité partielle,
Moment :
subordonnée à un tout, une étape dans un mouvement.
Marx se réfère ici au paragraphe 261 des Principes de la Philosophie du
droit de Hegel, qu il convient de rappeler afin de mieux comprendre la
critique :
En face des sphères du droit privé et du bien-être privé de la famille et
de la société civile, l État est, d une part, une nécessité extérieure par
rapport à elles et une puissance supérieure à elles [& ] ; mais d autre
part, il est le but immanent de ces sphères.
44
Marx et le marxisme
© Eyrolles Pratique
Selon Hegel, l État serait et resterait « autre » ; c est en lui cependant
que résiderait le sens dernier de la famille et de la société civile, ce qui
signifie, in fine, que l État absorbe d une certaine façon la famille et la
société civile. Cela peut indiquer encore que le peuple n est pas maître
de ses droits, pourtant effectifs. Il est en principe souverain, mais Hegel
mentionne que « la souveraineté n est en lui [dans le peuple] que d une
manière confuse et inconsciente », et qu il faut aller chercher un souve-
rain individuel capable de représenter la conscience de ce peuple. Ce
recours à un individu présuppose que le souverain dispose de qualités
innées, ce qui traduit une tendance aristocratique dans la pensée de
Hegel.
La critique de la démocratie
Compte tenu du refus de cette option hégélienne, source de la plus viru-
lente critique de Marx, la solution consisterait à instaurer la démocratie
afin que la souveraineté émane, au moins en un certain sens, du peuple
(par la démocratie représentative par exemple). Mais pour Marx, il ne
peut y avoir démocratie que dans le temps d une réconciliation des inté-
rêts au sein de la société civile : ce sera la société communiste.
La démocratie « non-étatique »
La démocratie ne saurait être réalité qu en dehors de l État, en dehors de
toute idée de sphère politique superposée, indépendamment de toute
idée de représentation qui implique nécessairement une personne qui
dépasse, par son existence même, les autres. La démocratie est donc
bien la réalité de l universalité que l État vise mais sans pouvoir jamais
l atteindre. Elle est, dit Marx, « l énigme résolue de toutes les
constitutions »15, la solution du problème que posent tous les régimes
politiques particuliers, mais elle ne peut fonctionner qu au-delà des
régimes politiques, précisément. L adjectif « politique » restera, lui,
connoté chez Marx par l idée de particularité, d extériorité, de supério-
rité trompeuse. La république, que nous désignons couramment par le
terme « démocratie », n est encore qu un compromis entre l État politi-
que et l État non politique. Elle fait une plus grande part à l universel
réel des relations civiles et commence à être démocratie, mais elle ne
45
C h a p i t r e 3 . L a p o l i t i q u e
© Eyrolles Pratique
réalise pas encore cet idéal : « La lutte entre la monarchie et la républi-
que est encore une lutte à l intérieur de l État abstrait. La république
politique est la démocratie à l intérieur de la forme abstraite de l État »16.
Dans la Sainte Famille, autre ouvrage de Marx et Engels, publié celui-ci
(en 1845), Marx ajoute que ce n est pas l État qui est au fondement de la
société civile, c est au contraire la société civile ou le système des
besoins qui fonde constamment l État. Et « seule la superstition politi-
que enfante aujourd hui encore l illusion que la vie civile a besoin d être
intégrée par l État, alors qu au contraire, dans la réalité, c est l État qui
est maintenu par la vie civile »17. L État reflète la vie civile et est comme
son subalterne. S il sert à quelque chose, c est à la domination de la
classe dominante et à rien d autre.
La critique des droits de l homme
Dans l article « Sur la question juive », Marx interroge la légitimité des
droits de l homme en tant qu ils sont liés à la démocratie : par opposi-
tion aux droits du citoyen, les droits de l homme renvoient en fait aux
droits des membres de la société bourgeoise, c est-à-dire à l homme
égoïste qui n appartient pas à la collectivité. D ailleurs, la liberté, qui
fait partie des droits fondamentaux institués par la Constitution révolu-
tionnaire de 1793, est fondée sur l idée de séparation initiale et continue
des hommes. Quant au droit de propriété privée, mentionné par la
même constitution, c est le droit de jouir et de disposer de sa fortune
arbitrairement, indépendamment de la société ; ce droit traduit à
nouveau le primat de l individu sur la communauté ainsi que les rela-
tions non altruistes entre les hommes.
Loin qu en ces droits l homme soit conçu comme un être générique
[social, universel], la vie générique, la société apparaît au contraire
comme un cadre extérieur aux individus, comme une limitation de leur
autonomie primitive. Le seul lien qui les unit, c est la nécessité natu-
relle, le besoin et l intérêt privé, la conservation de leur propriété et de
leur personne égoïste.18
46
Marx et le marxisme
© Eyrolles Pratique
La vie politique, considérée par la Révolution en 1793 comme un moyen
pour la conservation de ces droits, est la servante d une société civile
dominée par l égoïsme.
Le dépassement de l État
Anticipant sur les conclusions de Marx à propos de l économie et de
l avènement d une société sans classes, nous pouvons dès maintenant
[ Pobierz całość w formacie PDF ]